La scène se passe dans un hôpital.
Voix off – En 2040, l’humanité a trouvé le moyen de renoncer à ses émotions. De gré ou de force.
Médecin – Nous sommes désolés pour vous, nous n’avons pas réussi à la sauver.
Silas — Comment ça ? Vous aviez promis qu’elle s’en sortirait, vous m’avez menti ! Il s’effondre. Non… Elle ne peut pas être morte… Ce n’est pas possible. Laissez-moi la voir. Il se redresse et s’avance vers le médecin.
Médecin – Je suis désolé, cette zone est interdite d’accès. Calmez-vous, s’il vous plaît.
Silas – Vous ne m’empêcherez pas de la voir ! Il s’avance encore vers le médecin.
Médecin : Stop ! Il retient Silas.
Silas — Poussez-vous ! Laissez-moi passer ! Il repousse le médecin.
Le médecin siffle pour donner l’alerte. Des gardes de la sécurité de l’hôpital entrent et traînent Silas à l’extérieur.
Silas — Non ! Non ! Arrêtez ! Astrid n’est pas morte…
Noir.
II
La scène se passe dans une petite pièce, Silas est assis sur une chaise, endormi.
Silas (en regardant autour de lui) — Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Que m’est-il arrivé ?
L’agent — Détendez-vous, s’il vous plaît. Je me présente, je suis [nom à déterminer], agent de la fonction publique affecté à la branche mineurs des débordements émotionnels. Est-ce que vous savez pourquoi vous êtes là ?
Silas — Non. Je me souviens seulement de m’être fait arrêter lorsque j’ai voulu voir ma copine.
Agent (en lisant sa fiche) — M. Silas Lopez, le 28 mars 2043, fait une crise émotionnelle en plein hôpital et se rend coupable d’atteinte physique sur un fonctionnaire et deux représentants de l’ordre ainsi que de dégradation de biens publics. Le tribunal en charge des débordements émotionnels vous a jugé inapte à vous contrôler. Vous êtes une menace pour la société. À compter de demain, vous serez interné au centre de redressement Nickel.
Silas — Comment ça ?! C’est injuste ! Où est ma famille ? Où est mon avocat ?
Agent – Il ne s’agit pas d’une sanction, c’est simplement un programme de l’État qui aide les gens dans votre situation.
Silas – Je ne suis pas d’accord… Il est interrompu par deux gardes qui le sortent de la pièce.
Noir.
III
Silas est dans une pièce avec d’autres ados. Un jeune garçon s’avance vers lui.
Elwood — Salut ! Moi, c’est Elwood, comment tu t’appelles ?
Silas, en se retournant — Heu… salut. Moi, c’est Silas. Tu sais où on est ?
Elwood — Oui, regarde, tu vas vite comprendre.
Au même moment, un ado qui hurle est traîné dans une autre salle par deux gardes.
Silas — Que… qu’est-ce qu’il vient de se passer ?
Elwood ne répond pas et pointe la porte du doigt.
Soudain, l’ado ressort, tout calme, sans expression faciale, baigné dans une lumière bleue. Silas reste bouche bée.
Elwood — Voilà, tu as ta réponse. On est à la salle d’oblitération de l’institut Nickel pour « réparer les dissidents ».
Silas – C’est horrible… Que lui ont-ils fait ? Je ne veux pas que cela m’arrive.
Il panique et s’agite de plus en plus.
Elwood – Arrête, ne te fais pas remarquer, sinon tu y passeras avant l’heure, mais de toute façon, si tu restes dans cet institut, tu finiras forcément par y passer.
Silas – Je ne veux pas… Je ne veux pas l’oublier.
Elwood – Oublier qui ?
Silas – Astrid, ma copine, elle est morte il y a quelques jours.
Elwood, s’approche de lui et regarde de droite à gauche – Si tu tiens à sortir d’ici, rejoins-moi ce soir à la sortie du dortoir nord.
Silas, fermement – J’y serai !
Noir.
IV
Le soir venu à la sortie du dortoir nord. Silas entre sur scène et aperçoit Elwood et une autre personne.
Elwood — Enfin ! Je te présente Alix, les autres qui devaient venir ont été oblitérés.
Alix, timidement — Salut.
Silas — Salut.
Elwood — Bon, on y va ?
Silas et Alix — Oui !
Ils marchent discrètement en dehors des bâtiments tout en discutant.
Silas – Vous êtes arrivés ici pour quoi, vous ?
Elwood – J’ai été accusé d’un vol de voiture que je n’ai pas commis, alors j’ai « débordé » à mon procès.
Alix – Moi, c’est mes parents qui m’ont envoyé-e ici, ils ont fait la même chose pour mon frère.
Elwood – Et toi, Silas ?
Silas – Quand j’ai appris la mort de ma copine, je ne l’ai pas cru et je me suis énervé contre le docteur.
Alix – Une fois dehors, on fera quoi ?
Elwood – J’en sais rien, déjà on se barre d’ici !
Silas – On pourrait aller chez moi, mes parents nous recueilleront.
Soudain, une vive lumière tombe sur le groupe.
Elwood – Courez !
Deux gardes entrent en courant et dans la course poursuite attrapent Alix.
Alix, crie, désespéré-e – Aidez-moi !
Silas, à Elwood — Attend !
Elwood – C’est trop tard ! Il continue vers la sortie.
Silas tourne la tête et part avec lui.
Alix, en sanglot — Non…
Noir.
V
Silas et Elwood marchent dans la nuit en direction de chez Silas.
Silas — Pourquoi tu ne t’es pas retourné ?
Elwood, ferme mais triste – C’était lui/elle ou nous.
Ils marchent et atteignent la maison.
Silas, en entrant : Papa ! Maman ! Je suis là… où êtes-vous ?
La scène s’allume et deux personnes apparaissent.
Silas — Ah, vous êtes là. Voilà Elwood, on s’est échappés ensemble de l’institut. Il faut qu’on se dépêche, ils vont arriver !
Elwood — Bonjour. Aidez-nous, s’il vous plaît.
Les parents, en chœur et mécaniquement, alors qu’une lumière bleue les éclaire — Pourquoi vous cacher ? Tout le monde doit passer par là.
Quatre gardes entrent dans la pièce et traînent les deux garçons.
Silas, en hurlant — Non !!!
Noir.
Création littéraire écrite par Titouan et Arthur (605)