Vous aussi cette histoire vous intrigue et vous donne envie d’en savoir plus ?
Tout d’abord, Naomi Fontaine, née en 1987, est une romancière et enseignante innue originaire de Uashat dans la région administrative québécoise de la Côte Nord, au Canada.
Après avoir écrit Kuessipan, elle a publié d’autres romans tels que « Manikanetish« , « Meshkanatsheu » ou encore « Shuni« .
Kuessipan signifie « À toi ». En choisissant ce titre, Naomi Fontaine, pose d’entrée de jeu la question du genre. En choisissant une telle désignation générique, l’écrivaine semble redéfinir le genre romanesque. Son livre n’est pas un roman au sens classique du terme car il est plus proche du recueil de nouvelles ou du recueil de poésie écrit en proses.
Je pense que l’écriture est le point fort de ce roman, car elle est morcelée d’impressions, construite d’observations et d’émotions.
Tout d’abord, Kuessipan est une invitation à découvrir Uashat, la communauté où Naomi Fontaine a passé les premières années de sa vie. C’est aussi une invitation à ne pas porter de jugements sur certaines situations qu’on pourrait regarder de haut, comme les grossesses à l’adolescence.
Dans son œuvre, les personnages n’ont pas de noms, et les noms ne se rapportent pas aux caractères physiques et moraux profonds ; tous les êtres vivants qui animent ce livre sont des ombres et permettent facilement diverses identifications.
Kuessipan est un livre bouleversant qui nous fait découvrir le quotidien des autochtones dans une réserve innue. C’est avec la grâce et la justesse d’une langue éblouissante que l’auteure évoque cette réalité.
Dans ce livre, la jeune autrice nous raconte la vie dans la réserve, les gens qui y habitent, qui tentent d’y vivre, d’y survivre, entre la forêt d’un côté et la baie de l’autre. Le sort des filles abandonnées par leurs copains, les jeunes parfois tentés de s’abandonner dans l’oubli de la drogue, les hommes qui boivent beaucoup trop parfois. Mais il y a aussi beaucoup de références à la nature, la chasse, la pêche, il y a le cimetière où la mémoire de la réserve est gravée, il y a le bruit du vent et des vagues…
Lire Kuessipan m’a permis d’enrichir ma culture et de découvrir des populations que je ne connaissais pas forcément. Cependant, ce n’est pas un roman à proprement parler, avec un début et une fin, des péripéties identifiables, c’est plutôt un voyage dans la réserve, presque intérieur car le territoire n’est pas très étendu et tout le monde se connaît. Kuessipan, c’est surtout un hommage à cette culture indienne innue.
Elisa, 605