Cependant, ils ne sont pas aussi touchés que je l’espérais.
Maman baisse les yeux, n’ose plus me regarder. Papa commence à s’énerver, me traitant d’irresponsable. Je quitte la table sans un mot. Si même ma famille refuse de me croire, refuse aussi de croire Astrid, comment convaincre le reste du monde ?
A la télévision, l’émission Zoom débute, après les pages publicitaires, viennent les informations de ces derniers jours. Le groupe SOS a été démantelé, encore traité de terroriste. L’émission est vu par des milliers de personnes, rien ne peut rivaliser. A côté, ma vidéo à été vue cent-trente six fois. Même pas de quoi alerter mes voisins.
Les hommes en combinaison jaune sont arrivés une heure après la fin de l’émission. Nous étions encore assis dans le salon. Moi silencieux avec cette sensation d’impuissance et mes parents commençant doucement à reprendre leur conversation, oubliant la situation peu à peu, oubliant Astrid.
Les hommes en combinaison jaune ont débarqué, ont ouvert la porte sans faire de bruit, ont entouré la maison. J’ai compris trop tard, impossible de leur échapper. Ils m’ont bloqué les bras, mis au sol et immobilisé. Mes parents regardaient la scène, sans bouger. A leur expression, j’ai compris que ce n’était pas eux qui avait appelé la CEDE. Pourtant, ils n’ont pas essayé d’empêcher mon « arrestation », ils m’ont regardé avec cet air désolé que les parents affichent lorsqu’ils sont dépassés.
Je savais exactement où est ce que l’on m’emmenait. C’était mon deuxième passage à la CEDE, ma deuxième oblitération. Des gens, pas les mêmes que la dernière fois, m’ont accompagné. Au fond, j’espérais encore que j’y échapperais. Astrid débarquerait, leur dirait de tout arrêter, et me demanderait de la rejoindre. Rien de tout cela ne se produisit. On m’anesthésia une nouvelle fois.
Astrid.. J’ai peur de l’oublier encore. J’ai peur de pas arriver à me souvenir, de ne pas la reconnaître. J’ai peur de la faire disparaître à jamais de ma mémoire.
Une semaine s’est écoulée depuis. Je sors enfin de l’hôpital, mes parents sont venus me chercher. Je suis content de rentrer chez moi, enfin! Dans la voiture, je fixe les deux points bleus à mon poignet et les effleure du doigt. Le trajet reste silencieux. Je ne ressens aucune douleur, tout ça grâce à la CEDE. Je ne pose aucune question à mes parents. Je regarde le paysage défiler, accoudé à la fenêtre. Maman allume la radio. Je l’entends en fond. C’est une musique douce, elle passait souvent l’été dernier. La voix me berce et je m’endors presque. D’un coup, la radio est coupée, un journaliste se met a parler :
« Ce matin à 7h, deux terroristes responsables dans l’attaque de la CEDE ce sont enfuis. La police est actuellement à leur recherche. La plus jeune n’a que 16 ans, des cheveux roux et le yeux v- »
Papa vient de couper la radio. J’ai envie qu’il la rallume. Qui est cette fille ? On a le même âge, pourtant c’est déjà une fugitive.
Ma curiosité s’arrête là, je suis déjà en train d’essayer de deviner ce que mes parents ont prévu pour dîner.
Le soir, je repense à cette fille que la police recherche. Elle n’a plus de maison, sans doute plus de famille. J’ai de la peine pour elle.
Création littéraire écrite par Lou, Sidney, Ethan, Louna (605)